Un auteur en quête d'éditeurs ? Histoire éditoriale de l'oeuvre de Montesquieu (1748-1964)
Selon Montesquieu, L'Esprit des lois a été « estropié » plutôt qu’imprimé à Genève en 1748. Les années suivantes le voient tenter de corriger les nombreuses éditions qui se succèdent et se concurrencent dans toute l’Europe. On suit ici, grâce à une enquête menée à travers des correspondances, des archives, mais surtout des dizaines de bibliothèques, l’histoire mouvementée d’une œuvre qui présente d’innombrables difficultés textuelles, toujours présentes dans les éditions disponibles aujourd’hui. Ce n’est que le premier pas d’une étude qui, remettant en cause ce qu’on croyait parfaitement établi, conduit jusqu’aux éditions les plus récentes des Œuvres complètes de Montesquieu : que sont devenus ses manuscrits, une fois dans les mains de son fils ? quel rôle a joué son petit-fils, quand ils constituaient une intéressante monnaie d’échange ? Au-delà, on découvre les conséquences des contraintes matérielles ou des partis pris, parfois dissimulés, des éditeurs : de Plassan à Laboulaye ou Caillois, de la monumentale édition des Bibliophiles de Guyenne qui révèle les archives de La Brède à l’économique « Intégrale », c’est la notion même d’éditeur scientifique qui est passée au crible.
Introduction — Parlez-vous le Montesquieu ?
PREMIERE PARTIE — LES PREMIERES EDITIONS DE L'ESPRIT DES LOIS : UNE HISTOIRE A RELIRE
Chapitre I — Le début de l'histoire : impression, réimpression et errata
Quelle date pour la réimpression parisienne ? • La question des errata
Chapitre II — La piste des errata
L'errata à quarante-sept corrections • Les errata à trente-cinq et à quarante corrections • Premières conclusions à tirer des errata
Chapitre III — D'Amsterdam à Genève
Les « nouvelles éditions » de Genève • Retour à Amsterdam
Chapitre IV — Retour à Paris
D’une demande l’autre • Une in-quarto et une in-douze • Quelle in-douze ? • Les errata de la mi-avril • Retour à l’in-douze : les pièces annexes • L’édition in-douze d’« Amsterdam, Chatelain » • L’in-octavo d’Édimbourg • L’édition in-douze de Huart et Moreau (1750) • Conclusions
Chapitre V — Jacob Vernet, éditeur ou auteur de L’Esprit des Lois ?
Un secret mal gardé : « M. de l’Esprit » • Les échanges entre Bordeaux et Genève • Le français de Genève ?
DEUXIEME PARTIE — UN SI LONG SOMMEIL… MANUSCRITS ET EDITIONS DE MONTESQUIEU DE 1750 A 1889
Chapitre VI — « Vuider le sac » ? Les premières publications posthumes (1755-1758)
L’édition posthume de L’Esprit des lois • Petite énigme autour des Romains • Un tombeau à édifier : les Œuvres de 1758
Chapitre VII — Le tombeau de La Brède (1759-1795)
Les Lettres familières (1767) • Les Œuvres posthumes (1783) • Les Pensées (1787)
Chapitre VIII — L’offensive des libraires parisiens
(1795-1796)
La fin de l’ère Secondat • Les discours académiques • Montesquieu en majesté ? Les éditions Plassan (1796-1798)
Chapitre IX — Œuvres complètes ou œuvres complétées ? (1759-1875)
Le devenir des manuscrits • Le travail philologique • Montesquieu et alii • Critique d’un anonyme • Bastien et le Dictionnaire historique • La main d’Helvétius • Varia et variorum
Chapitre IX — Le temps de la maturité : Laboulaye (1875-1879)
Affinités électives • La distance critique • L’œuvre ou les œuvres ?
TROISIEME PARTIE — UNE ERE NOUVELLE (1889-1964)
Chapitre XI — Vers la publication des inédits (1825-1890)
Des éditeurs fantômes : Lainé et Martin • Dans les limbes • Une consultation anonyme • Rara avis : un bénédictin laïc • Les Bibliophiles sans les Bibliophiles ?
Chapitre XII — Blanc. Les publications des Bibliophiles de Guyenne (1891-1914)
Deux Opuscules de médiocre mémoire • D’éblouissants Mélanges • Le temps des Voyages • Le choc des Pensées • Un épisode imprévu • La Correspondance introuvable
Chapitre XIII — Bleu. Montesquieu en Pléiade
Préhistoire d’une édition • Des manuscrits et des livres • Une édition toujours à venir • Caillois : le retour • Ce que contient – et ne contient pas – le livre
Chapitre XIV — Or. Masson et Nagel : de nouveaux bibliophiles ?
Au cœur de l’entreprise : la bibliothèque de Bordeaux • Un nouveau regard sur les manuscrits • Le doute s’installe • Fautes lourdes • Quel bilan ?
Chapitre XV — Rouge. Montesquieu au risque de l’Intégrale
Les ambiguïtés d’une entreprise de vulgarisation • Incohérences ou volonté délibérée ? • Fidèle, trop fidèle
Conclusion — Maior e longinquo reuerentia
ANNEXES