Cent ans après Charles-Moïse Briquet : comment étudier le papier et les filigranes aujourd'hui

Un siècle s’est écoulé depuis la mort de Charles-Moïse Briquet (24 janvier 1918) et davantage depuis la publication en 1907 de son magnum opus, Les filigranes. Dictionnaire historique des marques de papier dès leur apparition vers 1282 jusqu’en 1600. Le monde a bien changé depuis mais s’il y a une chose que le temps n’a pas altérée, c’est bien la prééminence de Briquet sur les rayonnages des départements de livres anciens partout dans le monde. L’âge numérique s’est emparé de ce célèbre répertoire, désormais disponible à travers le Bernstein Memory of Paper Project.

Ce cours propose donc de partir sur les pas de Briquet. Depuis sa base à Genève, Briquet était venu à Lyon consulter abondamment les collections des archives municipales et départementales. En 2017, ses filigranes lyonnais ont été étudiés par Ilaria Pastrolin, qui a retracé les images de Briquet jusqu’à leurs sources. Nous analyserons aussi la méthode de Briquet, sa cadence de travail effrénée et le fait qu’il n’a pas tenu compte de la gémellité des filigranes.

Ce cours démarre par une introduction générale aux techniques de la fabrication artisanale du papier ainsi qu’une présentation du contexte historique de l’introduction du papier au Moyen Âge, moment où la technique en Italie, connait une révolution grâce à sa rencontre avec l’industrie autochtone de la laine. On abordera en même temps la question des formats (en particulier ceux qui figurent sur la pierre de Bologne, vers 1389), de la structure de la forme à papier, de la fonction des moules jumeaux, et des typologies des filigranes.

Le cours accordera une grande attention aux textes de référence du siècle des Lumières, en particulier L’Art de faire le papier de Lalande et l’entrée « Papeterie » dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Nous travaillerons sur une collection de feuilles non-reliées majoritairement du XVIIIe siècle afin de pouvoir distinguer entre le côté moule et le côté feutre de la feuille et apprendre à identifier les filigranes jumeaux. Des sessions pratiques aux Archives départementales et aux Archives municipales, permettront d’étudier de près le papier médiéval et Renaissance. Nous y étudierons également les manuscrits que Briquet lui-même avait utilisés, dans l’objectif de retrouver les filigranes tracés par ses soins. D’autres sessions à la BmL et au musée de l’imprimerie permettront d’examiner les filigranes présents dans les imprimés anciens. S’il y a un nombre suffisant de personnes intéressées, une 5e journée de cours aura lieu à la bibliothèque de Genève afin d’y examiner les archives Briquet.

Le cours est donné en français. Il requiert des connaissances préalables en paléographie et en bibliographie matérielle.